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Le véritable prix de la gratuité ou l’art de dévaloriser le travail

La valeur du travail et le rapport à l’argent.. En voici un sujet tabou !

« Tout travail mérite salaire. »

Voilà une phrase qui semble bien ancrée et acceptée dans la croyance collective, et pourtant…

Certains croient encore que tout leur est du et accessible gratuitement.

Entrepreneurs, indépendants, prestataires de service, artistes… Nous sommes systématiquement diabolisés dès lors que nous « vendons » quelque chose.

« Vendre, c’est mal ! »

« L’argent, c’est sale ! »

« Le marketing, c’est diabolique ! »

Pourtant, est-ce que vous négociez le prix de la baguette de votre boulanger ?

Est-ce que vous contestez le prix votre slip en boutique ?

Est-ce que vous reprochez à votre propriétaire de vous louer un toit ?

Est-ce que vous refusez de payer le médecin qui vous a soigné ?

Est-ce que vous remettez en question les honoraires de l’avocat qui vous a défendu ?

NON, mais…

Beaucoup disent que le partage de la connaissance et l’assistance doit-être gratuit…

« Le partage doit être gratuit ! »

« Nos enfants n’ont pas besoin d’un monde dominé par le merchandising, le marketing. »

« La culture doit être donnée. »

Dit le bobo défenseur du commerce équitable derrière l’écran de son MacBook ou son iPhone qu’il a payé au prix fort à une marque dont-il dénonce les pratiques …

Si la valeur du travail pour fournir la connaissance est de 0€, combien coutent:

L’hébergement du site internet qui partage cette information ?
Les serveurs qui stockent ces vidéos ?
L’électricité qui alimente ces serveurs ?
L’impression du livre sur lequel sera imprimée la connaissance ?
Les licences des logiciels qui structurent et envoient les infos ?
Les années d’études ?
Les années d’expérience ?
Les voyages qui construisent l’expérience ?
Le loyer ?
Le matériel ?
La connexion internet ?
La nourriture ?
Le temps de réflexion ?

Tous ces éléments ne proviennent-ils pas également eux-mêmes de travail au préalable ?

« Si vous trouvez que l’éducation coute cher, essayez l’ignorance. » Abraham Lincoln

Beaucoup disent qu’Internet est gratuit, donc un lieu d’échange où tout devrait être gratuit. Pourtant la structure en elle-même ainsi que tous les acteurs qui l’animent ont des couts.

On méprisera les publicités d’un site qui fournit de l’information gratuite.

On méprisera les ventes de produits ou services de la personne qui vous divertit, vous inspire, vous informe, vous forme…

Pourtant, ce que vous recevez est le fruit d’un travail, un travail qui a une valeur. Quand ce travail n’est plus valorisé et donc plus récompensé, vous ne pouvez plus y avoir accès.

Quand les ressources nécessaires à la réalisation de ce travail ne sont plus disponibles, il ne peut être accompli.

Chacun participe à une boucle d’échanges de valeur dont vous faites partie. En arrêtant la boucle, vous détruisez cette chaîne de valeur.

Que ce travail soit pénible, une passion, un plaisir… Ça reste du travail. Une énergie, des moyens et du temps sont mis en oeuvre.

Un monde fonctionne avec des échanges, chaque partie donne et reçoit pour créer un équilibre. L’équilibre disparait dès lors que certains donnent plus que ce qu’ils ont et que d’autres prennent plus que ce dont ils ont besoin.

Exiger tout gratuitement c’est fragiliser cet équilibre. Exiger tout recevoir sans donner en retour ce n’est pas un partage, même quand ce n’est pas purement financier.

Si vous considérez que le travail de l’autre mérite d’être partagé « gratuitement » la grande question est: feriez-vous de même ?

Feriez-vous don de votre valeur sans ne jamais rien attendre en retour ?

Pourriez-vous vivre juste en donnant ?

Pensez-vous que l’échange soit équitable ?

Comment valorisez-vous votre propre travail ?

Tout travail a une valeur, la valeur du temps, des moyens et de l’énergie consacrés. Seulement, nous ne sommes plus à l’ère du troc. Les cailloux de votre jardin et votre sourire ne feront pas vivre celui qui vous nourrit.

Oui, il y a des abus.

Oui, l’équilibre n’existe pas dans le système actuelle.

De là à comparer la grosse machine opportuniste qui s’accapare tout à tous ceux qui « vendent » quelque chose… Là encore, il manque un certain équilibre de perception.

Oui, nous rêvons tous d’un monde de dons et de partages, un monde où chacun fait sa part en apportant sa contribution.

Un bon philanthrope doit rester réaliste et trouver des solutions réalistes. La réalité est que tout système fonctionne avec un équilibre.

Mais dans ce monde utopique, tout le monde fait justement sa part, tout le monde donne, que ça soit de l’argent, des consommables ou de l’aide, pour que l’équilibre règne. TOUT LE MONDE doit donner, sans exception, car si un maillon se casse, l’équilibre se perd, la boucle se brise.

Quand quelqu’un vous aide, même sans attente derrière et gratuitement, vous vous sentez redevable, c’est humain. C’est le principe de réciprocité. La réciprocité est que vous acceptez le faite que vous avez le devoir d’apporter autant voir plus à cette personne..

Seulement, dans notre monde, on échange avec de l’argent. Un bien contre de l’argent, un service contre de l’argent, un toit contre de l’argent, de la nourriture contre de l’argent…

L’argent est devenu l’intermédiaire d’échange.

Mais attention, j’ai dit un gros mot, j’ai employé le mot « argent »…

L’argent n’est pas sale, il n’est pas mauvais, il n’est pas malsain.. En fait, l’argent à lui seul ne vaut rien, ce ne sont que des chiffres. Nous lui avons attribué une valeur monétaire, des critères qui varient plus ou moins selon la valeur estimée de l’échange.

Vous décidez de ce que vous faites de cette monnaie d’échange. Vous décidez de l’utiliser pour le bien ou pour le mal. Vous décidez si la valeur est positive ou négative, sans rentrer dans une vision binaire ou manichéenne.

L’argent ne domine pas le monde, ce n’est qu’un outil. Ce sont des Hommes qui domine le monde avec un outil.

Comme un marteau, vous décidez de l’utiliser pour construire ou pour détruire, pour contribuer ou diriger, pour donner ou menacer…

À chacun de se réconcilier et d’améliorer sa relation avec cet outil. D’ailleurs, une mauvaise relation entraine toujours la souffrance.

Celui qui a une mauvaise relation avec l’argent souffre. Il souffre de manque, il souffre de besoin, il souffre de frustrations… Qu’il soit riche ou pauvre, il souffre, car il n’a jamais assez et n’y voit jamais la valeur intrinsèque.

Il se prive inconsciemment ! Il se prive de tout échange de valeur. Il veut toujours plus, il n’en a jamais assez, il n’est jamais satisfait. Il ne cherche même pas à investir pour augmenter sa propre valeur afin de guérir de sa souffrance et évoluer. Tout se ferme, car il refuse l’échange.

C’est simple, l’argent, soit vous le contrôlez, soit il vous contrôle. Il suffit de voir autour de vous. Certains feraient n’importe quoi pour en avoir plus. D’autres sont prêts à passer outre leurs propres valeurs et nuire aux autres pour conserver ce qu’ils ont et ne rien donner. Dans ce cas, le don est vu comme un perte et non un échange.

La question n’est pas de vous dire si celui qui vous « vend » quelque chose, donc qui vous demande de l’argent en échange d’une valeur, fait quelque chose de bien ou de mal.

La question est:

À quelle valeur estimez-vous ce qu’il vous apporte, et êtes-vous prêt à investir ?

Si vous ne voulez pas investir, passez votre chemin (c’est juste que vous n’êtes surement pas dans la cible) et trouvez un échange que vous considérez plus équitable, un échange qui vous correspond (qui correspond à vos valeurs, à vos attentes).

D’ailleurs, vous n’avez pas le couteau sous la gorge, vous n’avez pas l’obligation d’accepter l’échange. Vous n’avez pas besoin de maudire l’autre si les attentes et les moyens ne sont pas compatibles.

Si ça vous convient, bingo ! C’est du gagnant-gagnant, c’est un échange de valeur ou chaque parti est gagnant.

En parlant de valeur, les valeurs sont aussi importantes dans une transaction.

Vos valeurs correspondent-elles à la personne ou la structure en qui vous investissez ? En cas de divergence, est-ce forcément nécessaire de diaboliser l’autre qui ne partage pas les mêmes valeurs de vous ? N’est-ce pas déjà là le fondement même des conflits et des abus qui s’en suivent et que vous maudissez ?

Reprocher à des personnes de gagner leur vie en vendant la valeur que vous vous permettez de juger via vos propres filtres de perceptions (car ça reste subjectif)… C’est comme reprocher aux autres de ne pas penser comme vous. Encore un problème profond de société…

Comme il a été dit plus haut, en plus de dévaloriser le travail, donc la valeur de cette personne, vous vous dévalorisez vous-même, et vous dévalorisez tous les futurs échanges que vous ferez, peu importe la direction. Car c’est juste le maillon d’une chaîne de valeur. Dévaloriser un maillon c’est affaiblir la chaine.

L’échange n’est pas unilatéral. On vous donne, mais tôt ou tard, vous devez donner aussi. Tout le monde contribue, peu importe la valeur et la monnaie d’échange.

Dans un modèle basé sur de la gratuité, dans un modèle unilatéral, tout le monde est perdant.

Nous voulons tous tout accessible gratuitement, qui ne rêve pas d’avoir tout sur un plateau sans avoir à se lever… Mais le méritons-nous vraiment ? Respectons-nous le travail de l’autre ?

Apprécions-nous vraiment quelque chose qui nous est donné à sa juste valeur ?

Dans la vie, tout a un cout ! Le cout du temps, de l’énergie, des sacrifices, du travail… Que vous le vouliez ou non, avec ou sans argent, ce cout sera toujours présent.

Celui qui vous assiste, même gratuitement, investit de son énergie, de son temps, de sa personne… Cette aide lui coute, même s’il le fait avec plaisir.

À quel niveau estimez-vous cette valeur ? Tôt ou tard, ne seriez-vous pas reconnaissant et n’allez-vous pas payer votre dette envers cette personne d’une façon ou d’une autre, ne serait-ce que par gratitude ?

Encore une fois, le cout n’est pas forcément financier… Quand on parle de gratuit, on ne parle pas que d’argent…

Seulement, l’argent reste la valeur d’échange principale de notre monde et ça ne va pas changer du jour au lendemain, surtout avec une mentalité unilatérale.

Comme le disait mon grand-père, « on n’a rien sans rien ».

Mais n’oubliez pas que si tout travail mérite salaire… Tout salaire mérite travail !

Donc à vous de faire votre part…

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